Jour 5: De tête rousse au refuge du goûter (D+:697m D-:110m 2.6Km)

Vendredi 15/07 7h00: C’est l’heure de se lever. Nous connaissons le planning du matin (refuge du goûter à 3800m), pas encore celui de l’après-midi. Donc dans le doute il va nous falloir beaucoup beaucoup de calories. On prend donc un copieux petit déjeuner. On retourne ensuite dans le dortoir faire nos sacs et nous préparer. On ajoute des couches de vêtements par rapport à la veille. Il n’est jamais évident de savoir comment s’habiller. A l’arrêt on a très froid mais quand on se déplace l’effort est tellement intense qu’on a rapidement trop chaud.  Il faut donc enlever des couches et avec le baudrier c’est plutôt compliqué.

8h00: On met l’équipement complet baudrier, casque, crampons. La pente est impressionnante. En moins de 3km, on va prendre 700m de dénivelé. Les cordées sont formées avec leur guide. Philippe vérifie que l’équipement de Pierrot et Romano est bien installé. Les 2 se font reprendre à l’ordre pour baudrier et crampons pas assez serré. Notre guide ne plaisante pas avec la sécurité et il a entièrement raison. On écoute ses consignes avec attention.

On commence par une pente raide très enneigée. On marche dans la trace des précédentes cordées. Cela réduit considérablement l’effort. Faire sa trace dans la neige est éprouvant. Les articulations des chevilles sont mises à rude épreuve. On cherche la bonne position : parallèle à la pente, en canard, de face , … Il n’y a pas forcément de règle, l’idéal est d’être face à la pente le plus souvent possible. L’effort n’est pas violent mais on dépense beaucoup d’énergie. On ne fait aucune pause comme d’habitude.

8h30 : On arrive au couloir du goûter dit couloir de la mort. C’est un passage de moins de 90m où on dénombre beaucoup de chutes de pierres (pas Pierrot) et de coulées de neiges. Les pierres peuvent allées du gravier à un rocher de la taille d’une voiture. C’est sans conteste le passage le plus dangereux de l’ascension. Le chemin est étroit et ne permet pas de poser les 2 pieds côtes à côtes. Il faut se mettre de profil puis mettre un pied devant l’autre.

La stratégie pour le franchir est simple. Arriver tôt pour le franchir: le froid collant les pierres. Le risque est plus important l’après-midi car le soleil réchauffe le couloir en amont. On s’attache à un câble métallique , on déplace un pied puis l’autre et enfin on déplace le piolet qui nous sert de canne. Le guide nous précède et regarde fréquemment en l’air. Nous nous regarderons devant et serons attentifs à ses directives.

Photos du couloir issue de http://s-www.ledauphine.com/images/C0AB2C22-95D4-4290-8E7B-D181637DC4A6/LDL_V0_12/archives-le-dl-1394017958.jpg

Photos du couloir issue de http://s-www.ledauphine.com/images/C0AB2C22-95D4-4290-8E7B-D181637DC4A6/LDL_V0_12/archives-le-dl-1394017958.jpg

La traversée s’effectue lentement et en silence. Ce passage nous semble vraiment anodin mais on sent la tension des encadrants. On bouge un pied, puis l’autre et enfin le piolet. Il faut veiller à avoir toujours 2 points d’appui au sol. Pour notre premier passage (on repassera par là au retour), pas de chutes de pierres ni de coulée de neige. Tout le monde passe sans encombre on peut continuer note chemin.

8h45: On reprend la progression. La neige laisse place à des rochers. On ne peut même plus parler de pente mais de mur !! Le mot ascension prend tout son sens dans ce passage. On suit Philippe notre guide dans le méandre de rochers. On alterne passage avec piolet et passage en escalade avec les mains. C’est vraiment dur. On se sert des jambes et des bras. A certains moments il y a des câbles métalliques pour nous hisser que nous attrapons avec nos gants.

A chaque difficulté franchie, on s’attend à la prochaine. D’un point de vue sécurité Philippe nous montre le chemin, puis tend la corde pour assurer Romano. Romano une fois l’étape franchie assure Pierrot en tendant la corde. On répète cela des dizaines de fois. On ne se sent pas en danger car on ne fait rien dans la précipitation. On ne fait aucune pause, de toute façon on a pas envie de s’arrêter dans ces endroits. L’effort est long et nous n’avons pas le temps de souffler. Les sacs sont vraiment pénalisant dans cette phase. Ils ne demandent qu’une chose rester en bas. Je comprends les remarques de Bernard sur le poids de nos affaires. Aujourd’hui nous payons le prix d’un sac mal préparé.

Nous demandons aux cordées que nous croisons si elles ont réussi à atteindre le sommet ce matin. Malheureusement pour nous, nous obtenons très peu de réponses positives. C’est pas grave. Pour nous ça passera, on n’imagine pas que cela puisse être autrement!!

Voici 2 photos trouvées sur google pour illustrer le chemin. On a bien évidemment pas pu faire de photo. De plus on avait beaucoup plus de vent et de neige que sur les photos:

ascension_du_mont_blanc._passage_dans_les_cables_lors_de_la_montee_au_refuge_du_gouter

rocher1

10h30 : Nous en avons fini avec les pierres. Nous n’avons plus qu’à suivre une arête de neige pour rejoindre le refuge. C’est vraiment une sensation très aérienne. Nous avons le vide de chaque coté et une visibilité à des kilomètres à la ronde. On se sent léger. Le contraste est impressionnant par rapport au passage des rochers, où nous avions l’impression de peser des tonnes.

DSC01053

Point de vue remarquable sur le massif

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Philippe

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Pierrot

UNe arète

Une arête

10h40: Nous arrivons au refuge du goûter. Nous sommes rincés mais content d’en avoir bavé !! On est venu pour ça !! Nous allons pouvoir manger un peu. Nous ne connaissons pas encore le planning de l’après-midi. On se déséquipe en laissant tout le matériel au rez de chaussée du refuge. Note guide s’est rendu compte lors de la montée que nos sacs étaient trop lourds. Pour l’ascension, on ne prendra qu’un seul sac avec quasiment rien dedans. On monte dans la salle à manger. Pour l’instant seulement 2 cordées sont arrivées Romano-Pierrot et Stephen-Thibault.

Guy notre soixantenaire souriant tentera le sommet sans s’arrêter au refuge. Comme sa progression est plus lente, il n’a pas de temps de s’arrêter s’il veut pouvoir atteindre le sommet pas trop tard.

La cordée Romain-Jérôme est partie plus tard avec Bernard (pim ça rime).

DSC01063

Pierrot, Romano, un refuge.

11h00 : On mange nos sandwichs, barres de céréales.  En concertation, avec les membres des 2 cordées on décide de tenter le sommet aujourd’hui. Demain on annonce au moins la même météo voir pire. Au moins aujourd’hui il fait jour et le soleil est de la partie. Même si on est fatigué de la matinée, on est prêt à affronter le vent annoncé à plus de 50km/h. On voulait un séjour physique, ben on va l’avoir. Va falloir aller le chercher le sommet!!

Vue satellite du trajet. En jaune le couloir du goûter.

Vue satellite du trajet. En jaune le couloir du goûter.

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