20/02 00h02 : Direction Stella Point 5685m via une pente moyenne et des lacets puis Uhuru Peak 5895m (pic de la liberté) via une pente très douce. On doit atteindre Stella Point vers 6h30 puis le sommet vers 7h30. Après cela on doit redescendre à Barafu Camp, faire une sieste de 2h puis redescendre à Mwenka Camp à 3100m. Le programme est plus que chargé et rien que d’y penser, on est démoralisé.
Concentrons-nous sur le sommet: l’objectif du séjour, la cause des kms de running parcourus, des dizaines d’achats de matériels, des randonnées improvisées , bref notre arlésienne.
On part donc de nuit. Nous sommes 12 pour l’occasion : 7 touristes fatigués, 3 guides souriants et 2 courageux porteurs chargés de transporter le caisson hyperbar, l’oxygène au sommet. Les autres porteurs, le cuisinier et le serveur restent à Barafu à se reposer un peu. Ils l’ont bien mérité.
Edou est chargé d’ouvrir la route et d’imprimer le pas Polé Polé. Nestory et Simon ferme la marche à l’affût de nos comportements pour distinguer un éventuel MAM. On remonte tout le camp pour commencer l’ascension. Au loin, on distingue une espèce de ver luisant tortueux formé des lampes frontales des candidats au sommet . Cela fait beaucoup de monde. Des dizaines et des dizaines de gens se sont donnés rendez-vous le 20/02/2016 pour tenter l’ascension.
Allez hop c’est parti, on commence à enchaîner les lacets sur les rochers. Le chemin est étroit et la visibilité mauvaise. La pente quant à elle est régulière et plutôt agréable. Il est quasiment impossible de doubler lorsqu’on est un groupe.
On avance lentement, on double certains groupes lorsqu’ils font une pause, puis ils nous redoublent lorsque nous faisons un break. On arrive vite à faire de l’accordéon dans les bouchons. C’est vraiment pénible. Nous n’avons plus de notions du temps.
Côté température, au fur et à mesure de la montée on ajoute des couches : on sort les gants de montagnes, on ferme les blousons. Il y a du vent, de la neige de temps en temps. L’eau dans les Camel Backs est gelée. La température est négative mais nous ne savons pas de combien. On se sent plus beaucoup nos doigts. D’ailleurs personne n’ose enlever un gant pour prendre une photo. C’est pour cela qu’il n’y a pas de clichés depuis le début de ce topic !!
Côté santé de l’équipe, les pauses à répétition sont salvatrices pour certains alors que pour d’autres c’est un calvaire. La fatigue et le froid rendent certains impatients alors que d’autres profitent des arrêts pour récupérer leur souffle en s’appuyant sur leur bâtons. 2 membres de l’équipe (Pierrot et Philippe) sont atteints de quelques pertes d’équilibre. Ceux-là même qui avaient plutôt dans la journée une saturation en oxygène un peu faible. Ce sont aussi 2 personnes qui n’ont pas pris de Diamox.
Nestory rattrape Pierrot, qui semble ivre, à plusieurs occasions. A mi-parcours, il décide d’ailleurs de prendre son sac. On essaie d’être vigilant avec la personne devant nous pour veiller à ce que personne ne tombe. Le moral n’est pas au top. La montée bien que techniquement facile nous met à rude épreuve. On comprend le début expression de Nestory : La montée c’est pas facile.
Les guides voyant que les bouchons à répétition usent le moral des troupes, décident de faire une pause Thé chaud. Du thé chaud par ce froid, ça vaut toutes les bières fraiches du monde par temps chaud (et pim métaphore !!). Encore une fois nos amis tanzaniens nous surprennent par leur attention.
Allez hop, il faut repartir. Pour certains, il est dur de se relever. Pour la suite du trajet, Romano suivra Pierrot pour le surveiller car ce n’est pas la première fois qui le voit titubant (Barcelone, Vietnam, Jeudi..) et il sait comment le gérer!! On s’inquiète pour lui mais il répond aux questions, ses jambes fonctionnent aussi, seul son oreille interne semble désactivée. Son corps pour pallier le manque d’oxygène à arrêter certaines fonctions. De plus le manque de visibilité n’arrange rien. Marcher de nuit est une expérience délicate : on manque de repères mais c’est aussi une occasion de réfléchir sur soi. Difficile à expliquer ce qu’on ressent.
On voit enfin Stella Point !! La dernière ligne droite semble interminable. Romano traîne Pierrot par le bras pour accélérer la cadence. ça discute ça rigole de nouveau. Ils se demandent si ils peuvent ajouter sur leur CV pro l’ascension du Kilimandjaro dans la catégorie expériences professionnelles et aussi quel sera le prochain sommet à tenter. Bref ils (sur)vendent la peau de Winnie l’ourson avant de l’avoir tué. La vue du sommet intermédiaire est une bouffée d’air.
6h30 environ: Les dieux sont avec nous, on atteint le sommet de Stella Point au moment où le soleil se lève. Tout le monde se congratule et profite du paysage à couper le souffle. On est face à un mélange détonnant: de désert, de glaciers éclairés par une lumière orangé faisant vraiment penser à du feu. On ose enlever nos gants pour prendre quelques photos même si les guides préféreraient qu’on décolle pour la dernière montée. Apparemment le mal d’altitude frappe en 6 à 12 heures après l’arrivée en altitude. Nous sommes à 5685 m, l’oxygène est réduit de plus de 50%. Pour féter cela, voici quelques photos :

Allez ne traînons pas. Encore 1 heure de marche pour le sommet final. La pente est douce. La lumière du soleil est de plus en plus blanche. On longe le glacier et on ne peut s’empêcher de s’arrêter pour le regarder. Chacun va à son rythme, il n’y a plus vraiment de groupe. Nestory est à l’arrière comme voiture balai. Pierrot marche tout seul toujours en zigzag. Il est pas au top mais au moins il fait jour et un peu moins froid.
7h30: On arrive en haut un par un. C’est l’accomplissement du séjour. La vue est simplement magnifique. Jamais la vue d’un vieux panneau en bois, ne nous avez fait tant plaisir!! Le succès ne sera pour autant acté que lorsque 100% du groupe sera en haut. On guette la montée pour voir si le reste du groupe arrive et pour pouvoir les encourager. Il n’est pas possible de décrire notre joie, c’est une victoire personnelle et collective. On repense à la préparation précédant le séjour, on a une pensée d’abord pour ceux qui nous ont encouragés et enviés : les amigos, la famille, les collègues, ensuite pour les porteurs et tous les gens qui ont rendu cela possible (j’ai l’impression de faire un discours suite à la remise d’un oscar!! ). La fatigue, le froid sont oubliés. Tout le monde est arrivé au sommet sain et sauf. Nous sommes sur le toit de l’Afrique à Uhuru Peak 5895m. 1000m plus haut que le MontBlanc
7h40 : il est temps de redescendre à Stella Point. Nous sommes restés suffisamment en haut et laissons la place aux autres groupes.
8h00 : Arrivée à Stella Point. La règle est simple. Le dernier qui arrive en bas à le droit à 1h de sieste avant de repartir. Ceux qui arriveront avant auront donc le droit à plus de sommeil. A partir de ce point le chemin de retour est différent de celui de l’arrivée. Il est constitué de terre volcanique très meuble ainsi que de pierres. La descente s’annonce technique.
Les guides décident de séparer le groupe en 3:
Edou descend Pierrot par le bras le plus rapidement possible pour lui redonner un maximum d’oxygène. Didier essaie de suivre. C’est impressionnant à la vitesse ou Edouard est capable de descendre ce chemin en soulevant Pierrot à un bras. Notre guide principal survole l’épreuve.
Derrière Quentin, Romano et un porteur tentent de les suivre mais n’ont pas le niveau technique. Romano mange un peu de sable au passage suite à quelques tonneaux (on ne parle pas ici d’alcool). La sensation de glisse dans le sable est super grisante mais ne permet pas l’erreur.
Derrière, nos 3 anciens préférés avec 2 guides et un porteur ferment la marche. Ils prennent leur temps.
Résultat des courses :
9h00: Arrivée Edou, Pierrot et Didier. Direction au dodo.
9h20 : Arrivée de Quentin, Romano et leur petit porteur. Direction au dodo.
11h00??: Le reste arrive. Comme on dormait, on ne les a pas vus!!! Ils auront au moins 1h30 de sommeil de moins que les premiers.
12h00: On se réveille pour manger. Malgré la fatigue, on a pas beaucoup dormi. Il fait tellement chaud sous les tentes.
12h05: Repas chaud. On est fatigué, on est vraiment mais alors vraiment pas motivé par l’après-midi de marche qui nous attend. Mais on est heureux de notre matinée. On éprouve une certaine satisfaction.
13h00: on repart direction Mwenka camp 3100m pour de nouvelles aventures. Cela fait 31h que nous nous sommes levés de notre dernière vrai nuit. 3h à 4h de marche nous attendent. Super …;
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